Comme
chaque année, depuis 1954, le dernier dimanche du mois d’avril est consacré à
rendre hommage aux victimes et héros de la déportation. Mais, en raison de la situation exceptionnelle
induite par la pandémie, les cérémonies qui réunissent associations de déportés
et de résistants et élus sont annulées.
Cette année 2020 devait pourtant revêtir une importance particulière car elle marque le 75éme anniversaire de la découverte des camps et de la libération des survivants.
Rosiers de Ravensbrück, FNDIRP
La France ne peut oublier celles et ceux des siens qui ont vécu l’enfer concentrationnaire et dont beaucoup n’en sont pas revenus. Les drapeaux sont en berne en hommage aux déportés.
Le Conseil Représentatif du Monde de la Déportation (CRMD), représentant les Associations de mémoire des camps nazis, est en totale union avec tous ceux, qui, à leur manière, selon leurs moyens, dans leurs communes, avec ou sans les élus et les représentants d’associations, par les réseaux sociaux, ou tout simplement par la pensée, participent à cet hommage en communion avec “les survivants de ce drame du genre humain”.
Vous trouverez ci-dessous le message de la “Journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation” rédigé conjointement par la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP), la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis, l’Union Nationale des Associations de Déportés, Internés, de la Résistance et Familles (UNADIF-FNDIR)
MESSAGE
Journée nationale
du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation
Dimanche 26 avril 2020
Il
y a soixante quinze ans, au printemps 1945, plus de 700 000 hommes, femmes et
enfants étaient regroupés dans ce qui restait de l’univers concentrationnaire
et génocidaire nazi à l’agonie.
La
moitié d’entre eux devait encore périr, notamment dans les marches de la mort,
avant que les armées alliées, dans leur progression, n’ouvrent enfin les portes
des camps sur une insoutenable vision d’horreur.
Les
survivants de ce drame du genre humain, par leur esprit de résistance, leur
volonté et leur profond attachement à préserver leur dignité, ont surmonté des
conditions inhumaines malgré la présence et la menace permanentes de la mort.
Le
1er octobre 1946 s’achevait le procès de Nuremberg qui fondait la
notion de « crime contre l’humanité » et posait les bases du droit
pénal international.
De tout
cela, rien ne doit être oublié…
Et
pourtant, si les déportés ont su montrer dans les pires circonstances que la
résistance face au crime demeurait toujours possible, leur persévérance à
témoigner partout et auprès de tous ne suffit pas à faire disparaître la haine,
le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et le rejet des différences.
Combattre
sans relâche les idéologies qui affaiblissent notre modèle républicain et
prônent le retour à l’obscurantisme et au fanatisme,
Promouvoir la tolérance,
Investir dans l’éducation morale
et civique des jeunes générations.
C’est
le message des déportés, qui veulent faire de la journée nationale du Souvenir
des Victimes et des Héros de la Déportation, une journée d’hommage, de
recueillement, et plus encore, d’engagement personnel.
La période dramatique de la déportation rappelle en effet cruellement que les êtres humains sont responsables de l’avenir qu’ils préparent à leurs enfants, et qu’ils partagent une même communauté de destin.
Ce message a été
rédigé conjointement par :
La Fédération
Nationale des Déportés, internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
La Fondation pour
la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps
nazis,
L’Union Nationale
des Associations de Déportés, Internés, de la Résistance et Familles
(UNADIF-FNDIR)
Le 11 octobre 1945 est le jour de la libération du camp de Buchenwald, mais aussi de Mittelbau-Dora. « Dora » est fondé en 1943, en tant que camp extérieur du camp de Buchenwald dont il est distant d’environ 80 km.
En octobre 1944, il devient un camp autonome auquel s’ajoute une trentaine de Kommandos, des camps extérieurs, dont celui d’Ellrich-Juliushütte, « l’enfer de Dora », à 15 km de Dora, créé en mai 1944 : l’ensemble devient ainsi le complexe autonome de Millelbau-Dora. Il ne fut jamais un camp vers lequel les déportés étaient directement envoyés. Jusqu’à l’automne 1944, la majorité des convois passent par Buchenwald et, plus tard, ils viennent aussi d’Auschwitz et de Gross-Rosen. Le nombre de Français envoyés dans ce camp est relativement important: en octobre 1944, ils représentent 16 % de l’ensemble des déportés (3ème groupe après les détenus soviétiques et polonais), mais ils connaissent un taux de mortalité plus élevé (source : Mémoire et Vigilance n°69, décembre 2014).
Le
rôle de Dora
Ce camp est la concrétisation de l’exploitation des déportés dans le système concentrationnaire et dans la guerre totale qui a besoin de cette main d’œuvre pour ses usines d’armement.
En août 1943, l’usine
de Peenemünde, sur la mer Baltique, où étaient fabriquées les fusées V2, est
bombardée. C’est pour cette raison que cette production est transférée en
Thuringe, dans des usines souterraines, et que le « tunnel », auquel
s’ajoutent d’autres tunnels ultra-secrets, est créé sur ordre de Himmler :
personne ne doit sortir vivant de Dora ! 60 000 hommes de toutes
nationalités connaîtront l’enfer de Dora, 20 000 en mourront (source FMD).
Les détenus aménagent les réseaux de tunnels déjà existants et installent « l’usine du centre-Mittelwerk » au cœur du tunnel. Cette usine de fusées devient une entreprise d’État qui fabrique ces armes de représailles (source André Sellier, site de Dorahttps://dora-ellrich.fr/) sous la direction de spécialistes comme Wernher Van Braun, Arthur Rudolph – le directeur de l’usine de Peenemünde – et d’ingénieurs. C’est dans cette usine qu’en janvier 1944 commence la production des V2 à partir des pièces détachées venant de toute l’Allemagne. Les premiers tirs de ces fusées sur Londres ont lieu en septembre 1944.
Au début de l’année 1945 débute la production des missiles de défense antiaérienne, après celle des bombes volantes V1 (source André Sellier, site de Dorahttps://dora-ellrich.fr/).On comprend l’importance stratégique du camp de Dora pour les nazis pendant la guerre, comme on comprendra son importance pour les libérateurs américains en avril 1945.
Les
évacuations
L’avancée des troupes alliées après leur traversée du Rhin pousse l’administration du camp de Dora et de ses annexes à ordonner leur évacuation avec l’objectif de les déplacer vers d’autres camps, Bergen-Belsen, Neuengamme ou Sachsenhausen.
Flèches bleues du haut : les forces britanniques Flèches bleues du bas : direction générale des forces américaines du nord Flèches rouges forces soviétiques Source FMD
L’évacuation de Dora
commence les 5 et 6 avril 1945. Près de 20 000 détenus, destinés au début à
Neuengamme, sont finalement répartis dans la région de Bergen-Belsen après des
parcours en train perturbés par la progression des Britanniques.
Il y a environ 150 km à vol d’oiseau entre Dora et Bergen-Belsen, mais les opérations militaires font, qu’après la marche forcée et le train, ce sont six jours de voyage qu’endurent les détenus.
Le dernier transport
d’évacuation des camps de Mittelbau-Dora, le plus important avec 4 000 détenus,
parti le 5 avril pour Neuengamme, arrive finalement à Ravensbrück le 14 avril après
un parcours semé d’imprévus, coupé de parcours à pied et de changements de
direction en fonction de la progression des troupes américaines.
D’autres convois, évacués de Dora et de camps annexes se retrouvent bloqués et immobilisés près de la ville de Gardelegen.
La tragédie de la grange de Gardelegen
Les convois vers Gardelegen Source FMD
Entre les 9 et 11 avril
1945, plusieurs convois d’évacuation en provenance de camps annexes de Dora et
Neuengamme arrivent en gares de Mieste et de Letzhingen, près de Gardelegen.
Peu après l’arrivée des trains, le SS Gerhard Thiele, chef de la
circonscription administrative (Kreisleiter)
de Gardelegen, décide du sort des détenus avec la complicité d’officiers de la
Wehrmacht et de la Luftwaffe et l’aide de membres de la Volkssturm, des Jeunesses hitlériennes et du Front du travail :
ils seront enfermés dans la grange Isenschnibbe, laquelle sera incendiée.
Le vendredi 13 avril
après-midi, tous les détenus sont dirigés vers la grange, les moins valides sur
des chariots. Le sol de la grange est recouvert de 50 cm de paille imbibée
d’essence. Lorsque tous les prisonniers sont à l’intérieur les soldats bloquent
les portes avec des blocs de pierre et mettent le feu. De nombreux prisonniers
tentent de sortir et sont abattus à la mitrailleuse. Au total ce massacre fait
1 016 victimes.
Les troupes américaines, arrivent sur les lieux de l’horreur le 15 avril au matin, alors que le feu couve encore. Une fosse commune où des cadavres avaient été enterrés sommairement est découverte devant la grange.
soldat américain contemplant les corps calcinés source FMD
Les habitants de Gardelegen sont requis pour enterrer les victimes. Du 18 au 24 avril 1945, environ 200 hommes doivent exhumer les cadavres déjà enterrés dans la fosse commune
Le 25 avril, la 102ème
division d’infanterie américaine ordonne une cérémonie pour honorer les
victimes et fait ériger une plaque commémorative.
Toutes les victimes sont ensuite ensevelies à des emplacements individualisés dans un champ proche, transformé en cimetière. Les tombes sont marquées d’une croix de bois de couleur blanche ou d’une étoile de David.
Lors de cette
cérémonie, le colonel George Lynch, adresse ces mots aux civils allemands,
(extraits) : « Votre prétendue race supérieure a démontré qu’elle est
supérieure seulement en criminalité, cruauté et sadisme. Vous avez perdu le
respect du monde civilisé ».
Dès le 19 avril, le massacre de Gardelegen paraît dans la presse américaine citant ces mots d’un soldat : « Avant, je ne savais pas vraiment pourquoi je me battais. Avant cela, vous auriez dit que ces histoires étaient de la propagande, mais maintenant, vous savez que ce n’en était pas. Il y a les corps et tous ces gars sont morts ».
Les prises de vue des
reporters américains servirent de preuves lors du procès des responsables. Les
quelques détenus qui avaient survécu au massacre furent pris en charge par les
services sanitaires américains.
La population de
Gardelegen reste aujourd’hui encore réticente à admettre l’implication de la commune
dans ce drame. Le principal coupable du massacre, Gerhard Thiel, bénéficiant
d’indulgences et de complicités, peut finir tranquillement ses jours dans une
ville d’Allemagne.
Compléments récits, témoignages sur le site http://www.resistances-morbihan.fr/de-dora-a-gardelegen/ qui reprend des textes d’André Sellier, déporté et historien de Dora. Il livre les témoignages de deux des trois Français rescapés, sur les huit sortis vivants du brasier : Georges Crétin et Guy Chamaillard.
Les documents de
l’époque ne font pas référence à la libération du camp d’Ellrich qui était vide
le soir du 5 avril, en dehors des derniers cadavres.
A Nordhausen, le « mouroir
de Dora », où les SS avaient ouvert un camp pour les inaptes au travail (André Sellier) il ne restait que les grands malades
et les survivants du bombardement de la « Boelcke Kaserne ». Les Américains
découvrent les cadavres de plusieurs milliers de détenus. Ils les font inhumer
par la population de Nordhausen dans ce qui est appelé aujourd’hui le « cimetière d’honneur » ( Ehrenfriedhof) de Nordhausen. Les
détenus décédés peu après la libération y sont aussi également inhumés.
Il n’y a donc pas eu, à proprement parler de « libération » de Dora puisque, lorsque des unités de la IIIème Armée américaine y sont arrivées le 11 avril, les détenus valides avaient été évacués. Mais, si les Alliés n’ont pas porté grand intérêt à des camps vidés de leur population, il en est autrement pour Dora, sa fabrication de fusées et ses ingénieurs.
De l’enfer à la lune
Les spécialistes américains se précipitèrent pour examiner les installations et emportèrent les éléments d’une centaine de fusées.
L’ingénieur von Braun et le général Walter Dornberger – directeur des Armements de l’armée allemande –, responsables du projet V2, ainsi que de nombreux techniciens et spécialistes, réfugiés en Bavière, complices des conditions d’exploitation des détenus au profit de la production « des armes nouvelles », se sont rendus aux Américains avec leurs archives. Von Braun est transféré aux Etats-Unis après la capitulation allemande; il sera naturalisé américain en 1955.
Von Braun
Né en 1912 en Posnanie
(dans la Pologne actuelle), il devient le directeur technique du centre d’essai
d’engins spéciaux de Peenemünde et continue ses recherches à Dora.
Il participe au
programme spatial des Américains – comme d’autres ingénieurs allemands le
faisaient en URSS – et contribue ainsi au programme Apollo en développant la
famille des fusées « Saturn »
à la NASA, l’agence spatiale américaine.
C’est une personnalité discutée, complexe, ambivalente avec le régime nazi : sans état d’âme envers ce régime, convaincu qu’il doit participer à l’effort de guerre allemand, ou faut-il croire ses propos qui minimisent sa position dans le camp ? Les témoignages des déportés montrent qu’il ne pouvait ignorer leurs conditions de travail.
En tout cas, cet ingénieur allemand (décédé en 1977 en Virginie) est un de ceux qui ont permis à l’homme de marcher sur la lune.
« De l’enfer à la lune »….au théâtre
En 2008 est créée à la Rochelle, une pièce de théâtre dont l’auteur, et un des acteurs, est Jean-Pierre Thiercelin, fils de déporté à Dora.
Son objectif est la transmission, en
particulier aux jeunes, en dépassant les
« sources brutes », celles des témoignages… sans « laisser la
moindre brèche à l’indifférence » en leur rappelant le « martyre »
de ceux qui, pour la plupart, étaient, au moment de leur déportation, des
adolescents comme eux.
« Pour ceux qui ignorent l’histoire de Dora, c’est un condensé riche de renseignements, couplé aux émotions directes. » …
« Pour ceux qui sont avertis, c’est une résonnance. » …
« Mais il y a aussi la lune,
annoncée dans le titre, comme pour mêler le merveilleux à l’horreur, le rappel
historique évident d’abord. Sans la main d’œuvre servile d’Albert Speer,
procurant des « stücke »
aux usines de V1 et V2, de Wernher von Braun, sans ces déportés voués à la mort
par le travail dans le vacarme et la puanteur des usines souterraines de Dora,
bref, sans « la nuit et le brouillard » des camps, pas de Nasa ni de
programme spatial américain… »
« La petite troupe virtuose des
acteurs réussit à présenter les multiples facettes de la tragédie et délivre en
fin son message d’espoir qu’elle ne sera pas perdue : aux enfants de vivre
en connaissance de cause et d’assurer la vigilance nécessaire pour qu’elle ne
se renouvelle pas. »
Après 15 années de recherche, plus de 4 ans d’écriture, le Dictionnaire des déportés de France passés par le camp de Mittelbau-Dora doit paraître au mois de septembre 2020. Il permettra de rendre hommage à ces 8 971 destins brisés.
Le printemps 1945 voit la découverte, par les armées alliées, de la plupart des camps de concentration et de la réalité brutale du système concentrationnaire. C’est aussi la libération des déportés survivants.
Les camps ne sont pas
tous « libérés » en même temps, mais au fur et à mesure de l’avancée
des armées alliées sur les fronts est et ouest, les impératifs militaires
restant prioritaires. Après Majdanek en juillet 1944, Auschwitz et Gross-Rosen
en janvier-février 1945, ce sont ceux de Buchenwald et Dora début avril, puis
Flossenbürg et Bergen-Belsen.
La situation des camps est diverse au début du printemps 1945, mais le point commun c’est que le régime nazi, malgré sa désintégration, continue malgré tout à alimenter « la machine infernale de la déportation de masse » (Bulletin Mémoire et Vigilance N° 90).
Le camp de concentration de Buchenwald – 1937-1945
En juillet 1937, la SS a fait déboiser la forêt sur l’Ettersberg près de
Weimar et ériger un nouveau camp de concentration appelé Buchenwald (« le
Bois de hêtres »). […] Après le début de la guerre, y sont déportées des
personnes en provenance de toute l’Europe. Dans le camp de concentration sur l’Ettersberg
et ses 139 camps extérieurs, près de 280 000 personnes au total sont
emprisonnées. La SS les force à travailler pour l’industrie d’armement
allemande.
À la fin de la guerre, Buchenwald est le plus grand camp de concentration du Reich allemand. (source https://www.buchenwald.de/fr/72/ Fondation des mémoriaux de Buchenwald et Dora)
L’étau des armées alliées se resserre en 1944-1945
Les dégâts infligés par les bombardements alliés aux infrastructures, aux voies de communications et aux usines désorganisent la production d’armement du Reich, mettant fin à ses espoirs de production d’armes nouvelles (les V1, les fusées V2 ou le chasseur à réaction Messerschmitt) avant l’écroulement final de tout l’édifice et la capitulation sans condition de l’armée allemande, le 8 mai 1945.
Les évacuations
C’est au début du mois
d’avril 1945 que commence l’évacuation
du camp de Buchenwald qui comprend alors environ 48 000 détenus.
L’évacuation des annexes, comportant 60 camps d’hommes et 26 de femmes, constitue la première étape. La partie appelée « Petit camp » – « l’enfer de Buchenwald » (Mémorial de Buchenwald) – sert de camp de quarantaine pour les détenus nouvellement arrivés. Son effectif passe de 6 000 début janvier 1945 à 17 000 début avril. La mortalité y est impressionnante.
Début avril, le
commandant du camp, Hermann Pister, fait évacuer entre 12 000 et 14 000
Juifs sur Theresienstadt, en vue d’un échange « dans l’intérêt supérieur
de l’Allemagne ». Jusqu’au 5 avril, il pense que les autres détenus doivent
être livrés aux Américains, mais le 6, l’ordre d’évacuation générale tombe. Les
évacuations s’échelonnent jusqu’au 10 avril 1945, pour 28 000 détenus environ.
Face au désordre entretenu par le Comité clandestin (voir ci-dessous) pour retarder les évacuations quotidiennes, les SS se livrent à de véritables rafles dans le camp. Le dernier convoi de 9 280 détenus part le 10 avril 1945, veille de la libération.
Les troupes américaines délivrent des colonnes en marche et découvrent près de Dachau, un train de la mort venant de Buchenwald.
Le train de la mort de Buchenwald-Dachau : une des dernières tragédies
Parti le 7 avril avec 4 480
détenus pour Flossenbürg, ce train fut dérouté vers Dachau, en raison de
l’avance américaine. Les détenus venaient d’arriver à pied du camp annexe
d’Ohrdruf, distant de 90 km de Buchenwald, dans un état d’épuisement total
quand ils embarquèrent dans des wagons de marchandises fermés ou ouverts, à 90
ou 100 par wagon, sur de la poussière de charbon. Avec le froid et la pluie
incessante, l’épuisement, le manque d’eau et la faim, les morts se multiplièrent.
Le train traversa le territoire tchèque cinq jours durant.
À bord, un sous-officier SS, surnommé « le sergent tueur », abattait les détenus malades avec sa mitrailleuse en parcourant le train… Au cours des huit derniers jours que dura le voyage, le train devint un immense cercueil roulant. Puis les wagons et leur chargement de cadavres restèrent en pleine voie à proximité de Dachau jusqu’à l’arrivée des Américains. (source FMD https://fondationmemoiredeportation.com/expo-la-liberation-des-camps-de-concentration/ )
Contrôle du camp par les déportés, le rôle de l’organisation clandestine
L’organisation
clandestine est née dès 1943, lorsque les communistes allemands parviennent à occuper
les postes principaux de l’administration interne et recrute parmi les résistants
des différents pays. Son action consiste à rechercher des informations sur la
situation internationale et sur les intentions des SS. Elle développe
l’entraide et la solidarité entre les détenus, le sabotage dans l’industrie de
guerre et, vers la fin, prépare la résistance armée, en fonction des
différentes hypothèses prévisibles.
Les différentes nationalités ont chacune un Comité, dont le Comité des Intérêts Français qui tente de retarder les départs et de dissimuler des détenus, juifs notamment (source FMD).
Extraits (texte complet sur le site de l’Association de Buchenwald)
6 avril : 46
détenus politiques soupçonnés d’être des dirigeants de la Résistance sont
appelés par les S.S. mais le Comité international les prend en charge et les
cache. Parmi eux, l’avionneur français Dassault.
7-10 avril : L’évacuation du camp se poursuit. Les Français organisent le sabotage de l’opération et y parviennent partiellement. Les quelque mille enfants juifs et tsiganes qui sont au « Petit camp » sont protégés et échappent à l’évacuation vers la mort.
Le Comité clandestin a
“conçu un programme de sauvetage pour ces enfants arrivant par transports
successifs de l’est, et voués à l’extermination, et ce depuis l’arrivée du
premier d’entre eux à Buchenwald depuis la Pologne, en aout 1944.
8 avril : Le
Comité militaire international lance sur son émetteur clandestin caché au Kino
un appel à l’armée américaine.
Extrait du témoignage d’un déporté : Une seconde dépêche est alors renvoyée. La réponse arrive, en anglais, et stipule: “KZ Buchenwald. Tenez bon. Arrivons à votre secours. Signé de l’État-Major de la IIIe Armée américaine.” Source Association Française Buchenwald-Dora
L’arrivée des Américains et la libération du camp le 11 avril 1945 : un cas unique dans l’histoire de la libération des camps nazis
Environ 21 000 détenus occupaient encore le camp. « Les SS l’évacuent sous la menace de l’avance américaine et des détenus dont ils n’ignorent pas les préparatifs » (site Association de Buchenwald-Dora)
Vers 15 heures,
les derniers SS et le commandant du camp, Pister, ayant disparu, la direction
clandestine décide d’entrer en action. Elle fait distribuer des armes préparées
pour riposter à un mitraillage éventuel des SS et envoie des groupes de combat
constitués selon la planification, sur des objectifs précis. Miradors et
bâtiments de commandement et d’administration sont occupés sans résistance. Les
détenus font plus de 200 prisonniers SS qui « seront remis en bon état aux
armées américaines lorsqu’elles pénètreront dans le camp. Pendant le
soulèvement, des détenus politiques de toutes nationalités assuraient la
sécurité dans les blocks afin d’éviter la panique, le vol ou autres brutalités…
Les premiers militaires américains à pénétrer dans le camp sont deux Français, le sergent Paul Bodot et le lieutenant Emmanuel Desard, engagés dans l’armée américaine et qui patrouillaient en éclaireurs à l’avant des lignes » (Association de Buchenwald-Dora).
Le camp de concentration de Buchenwald s’est libéré lui-même, rendant la liberté à 20 000 détenus. (Association de Buchenwald-Dora).
Lorsque les Américains atteignent en avril 1945 Buchenwald et ses camps extérieurs, Dwight D. Eisenhower, le commandant en chef des forces armées alliées écrit : « Rien ne m’aura jamais plus bouleversé que cette vue. »(source : Mémorial de Buchenwald) On peut trouver l’histoire de la libération du camp, heure par heure, sur le site de l’Association de Buchenwald-Dora
Les témoignages évoquent les jours qui suivent le 11 avril: découverte des instigateurs de la résistance dans le camp, nomination de Joseph Brau médecin-chef du camp (4 700 malades sont transférés dans les casernes SS, un quart d’entre eux meurent les jours suivants), administration interne du camp libéré dirigée par un détenu politique allemand nommé par l’armée américaine; chargé d’assurer la sécurité et la survie de tous les détenus libres. Source
Les conditions de
retour des déportés furent très diverses. Pour le camp de Buchenwald, comme
pour la majorité des « grands camps” », ce furent des retours
collectifs organisés depuis ces camps et qui furent en général assez rapides.
La réadaptation à une vie normale fut difficile; elle se fit sans jamais oublier le Serment de Buchenwald, prononcé par des rescapés sur la place d’appel du camp de Buchenwald le 19 avril 1945, une semaine après la libération du camp.
Dessin N° 84 de Paul Goyard « L’obélisque du 19 avril 1945. Premier monument pour les morts des camps de concentration de Buchenwald, de Dora et des kommandos. » « Des prisonniers avaient fabriqué l’obélisque dans les ateliers du camp. K.L.B. signifiait : Konzentrationslager Buchenwald (camp de concentration Buchenwald). Le nombre entouré d’une couronne de lauriers, 51 000, figurait le nombre supposé de morts. » Source Association Buchenwald-Dora
NOTRE IDÉAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE
NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTÉ.
Nous le devons à nos camarades tués et à
leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à
la lutte. »
La revue de l’Association
Buchenwald-Dora a pour titre Le Serment, en
référence à ce “Serment” prononcé sur la
place d’appel de Buchenwald par les déportés le 19 avril 1945.
“La mémoire partagée d’enfants de déportés et de SS”
“Le quator inédit” à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris, le 29 novembre 2019. De gauche à droite: Jean-Michel Gaussot, Yvonne Cossu-Alba, Barbara Brix et Ulrich Gantz. A droite, François-René Cristiani, modérateur
Ce quatuor inédit est composé de deux Français, Yvonne Cossu-Alba et Jean-Michel Gaussot, dont les pères résistants, déportés à Neuengamme, ont rendu l’âme dans les derniers jours d’avril 1945 dans les mouroirs de Sandbostel pour l’un, de Wöbbelin pour l’autre, et de deux Allemands, Barbara Brix et Ulrich Gantz, dont les pères ont occupé des postes importants dans les Einsatzgruppen, ces escadrons de la mort des SS chargés d’éliminer en masse communistes, Juifs et Tsiganes dans les territoires soviétiques occupés par les troupes allemandes à partir de l’été 1941.
Ils se sont rencontrés, en 2014, au Mémorial (Gedenkstätte) du camp de concentration de Neuengamme, lors d’un Forum intitulé « Avenir de la Mémoire », au cours duquel Barbara et Ulrich ont évoqué leur lourd héritage devant un public d’anciens déportés et de descendants de déportés. « C’était très dur pour Ulrich et moi de nous retrouver devant un tel public, raconte Barbara Brix. Nous nous préparions à toute forme de réaction ». Jean-Michel Gaussot était présent et est intervenu pour souligner que, « pas plus que les enfants de résistants ne pouvaient se glorifier des actes héroïques de leurs parents, les enfants de persécuteurs ne devaient se sentir coupables des forfaits commis par les leurs ». Il a ensuite ajouté que « leurs douloureux héritages respectifs, celui des descendants de victimes et celui des descendants de responsables nazis, ne devaient pas les éloigner, mais au contraire les rapprocher dans un combat commun pour la mémoire, la tolérance et le respect des droits humains ».
En 2015, Yvonne Cossu-Alba
remplaçait Jean-Michel au Forum et, à son tour,
elle a fait la connaissance de Barbara Brix et d’Ulrich Gantz,
et noué avec eux des relations de
confiance.
Lorsque, en 2016, ils se retrouvent tous les quatre à Neuengamme, à l’occasion du troisième Forum annuel, ces liens se sont encore renforcés, se transformant en une véritable amitié. L’idée de témoignages communs dans des établissements scolaires a alors pris forme. C’est le début d’un parcours de témoignages qui s’étendra progressivement à des publics d’adultes.
Le vif intérêt suscité par ce dialogue franco-allemand entre enfants de victimes et enfants de persécuteurs nazis a été confirmé tant par les nombreuses questions posées par l’assistance à l’issue des diverses présentations que par le retentissement des interviews données par le quatuor dans la presse écrite comme sur des chaînes locales de télévision, dans les différents pays. (voir liens ci-dessous)
Au-delà des témoignages individuels, c’est avant tout dans les liens d’amitié qui les unissent, en dépit des destins contraires de leurs pères, que réside le message de tolérance et de fraternité qu’ils cherchent à communiquer à leurs auditoires. Jean-Michel Gaussot l’exprime dans Le Patriote Résistant d’octobre 2018 : « « Dans une Europe qui s’éloigne des valeurs de solidarité que nous ont transmises les Résistants et qui semble plus que jamais menacée par la résurgence de la haine sous ses différentes formes – nationaliste, raciste, antisémite-, par les fanatismes de toutes sortes ou par un communautarisme qui fractionne la société et nourrit les antagonismes en son sein, nous cherchons à apporter une très modeste contribution, une toute petite pierre, à la construction d’un avenir de paix et de liberté sur notre continent. »
Quelques lieux où ont été organisés les témoignages “à 4 voix” ainsi que des liens permettant de les écouter et de suivre les réactions de la presse.
Mars
2017 : Perpignan,
collège St. Exupéry et Lycée Maillol, à l’initiative de professeurs avec l’aide
de Barbara Brix.
Mai
2017 : Hambourg,
public adulte, soirée organisée par la Gedenkstätte de Neuengamme.
Janvier
2018:
Genève, collège Calvin, puis inauguration de l’exposition « 2ème
génération » à l’hôtel Beau Rivage. Organisateur : la CICAD (Coordination
intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation).
Novembre 2019 : Paris,
Lycée Notre-Dame de Bury à Margency (95), organisateur : Jean-Claude
Roumilhac, fils de déporté-otage à Neuengamme.
Auditorium de l’Hôtel de Ville de
Paris, public adulte. Organisateur : Amicale
française de Neuengamme avec le soutien de la Ville de Paris. photo
Janvier 2020 : Genève,
Collège Emile Gourd, puis Uni-Mail (Université de Genève), soirée organisée par la CICAD en partenariat avec l’Office
des Nations Unies à Genève, avec le soutien de la Confédération Suisse et de la
Mission permanente de la France.
Mars 2020 : Barcelone, école SIL (élèves de
second cycle), puis Université Ramon Llull (étudiants et adultes).
Organisateurs : deux fondations militant pour
la paix et la justice, la Fondation Pere Tarrés, animée notamment par la
professeure Esther Giménez-Salinas, et la Fondation Lettre pour la paix
adressée à l’ONU (Fundación Carta de la Paz dirigida a la
ONU ),
dirigée par Jordi Palou-Loverdos. photo
Ces extraits ont été choisis, parfois difficilement car chacun est à lui seul un témoignage, par Yvonne Cossu et Jean-Michel Gaussot avec l’accord de Barbara Brix et Ulrich Gantz parmi de nombreux autres avec le seul souci de montrer la diversité des lieux et des publics touchés par ce ” quatuor inédit” de la 2éme génération, “4 voix” unies dans le même message de tolérance.
Merci à eux 4pour ce texte reproduit avec leur accord et l’envoi des photos et crédits photographiques
Une note précédente vous présentait quelques réactions des intervenants de la table ronde organisée le 16 janvier dans le cadre du partenariat entre le Conseil économique et social et la Fondation pour la mémoire de la déportation.
Vous trouverez en cliquant sur les liens ci-dessous des extraits plus importants de cette table ronde dont le thème portait sur : “Analogies et différences entre les crises des années 30 et celles d’aujourd’hui“.
En raison de la crise sanitaire, sauf avis contraire que nous vous communiquerons, les événements prévus sont reportés à une date ultérieure. Renseignements sur les pages correspondant aux conférences, rencontres ….qui étaient annoncées.
Le concert prévu le 15 avril est annulé et reporté à une date ultérieure que nous vous communiquerons dès que nous en aurons connaissance.
A l’occasion du 75ème anniversaire de la libération des camps et du retour des déportés, Les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation organisent un Concert de la Liberté le mercredi 15 avril 2020 à 20h30 en l’Eglise Saint-Roch (Chapelle des Déportés) Paris 1er, pour rendre hommage aux Déportés et à toutes les victimes des camps nazis.
Au programme de ce concert : Le Chant des Marais, la Marche funèbre de Beethoven (extrait de la 3ème symphonie) et le Concerto pour violon et orchestre de Bruch. Les œuvres seront interprétées par Michaël François (ténor du Chœur de l’Armée Française), Pierre Hamel (violon solo de l’Orchestre Colonne) et l’orchestre Les Concerts Gais sous la direction de Pierre Mosnier.
Cet événement est placé sous le haut patronage du Président de la République.
En présence de nos invités d’honneur, les Déportés -témoins de l’Histoire-, cette soirée sera donnée au profit des actions éducatives et culturelles de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation qui fêtera ses 30 ans d’existence
Cette conférence est annulée et reportée au mois de novembre
Fidèle à sa tradition de lieu de résistance et d’accueil,
le pays des Huguenots et des Camisards est devenu une terre de résistance
contre l’occupant nazi et le gouvernement de Vichy ainsi qu’une terre d’accueil
de juifs et d’opposants politiques.
Le mercredi 18 mars de 16h30 à 18 h30 au lycée Buffon (métro Pasteur ou Sèvres-Lecourbe). Entrée libre (voir invitation ci-dessous)
Cette conférence-débat sera animée par Patrick Cabanel,
Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, titulaire de la chaire “Histoire et sociologie des protestantismes”, spécialiste des minorités religieuses (protestants et juifs) dans la France moderne et contemporaine.
Patrick Cabanel, source Wikipédia
Et
Elisabeth Seckel-Bickart, née en Lozère en 1943 de parents étrangers, internés, puis cachés en pays camisard.
Présentation de l’ouvrage de Patrick Cabanel : Nous devions le faire. Nous l’avons fait. Cévennes, l’histoire d’une terre de refuge 1940-1944
Alcide, Nîmes, 2018
Alcide, Nîmes, 2018 , Source France culture
Présentation par l’éditeur:
De 1940 à 1944, quelques centaines de juifs sont venus
s’installer ou séjourner dans les Cévennes, entre Gard et Lozère. Vallées et
montagnes les ont presque tous sauvés, malgré les rafles, la gendarmerie puis
les troupes et polices d’occupation.
Juifs français et étrangers, antinazis allemands, enfants isolés
et familles entières ont trouvé ici l’asile et le salut. Ils le doivent à une
géographie tourmentée et à la culture historique de la population
cévenole : les descendants des Camisards, habitués à tenir tête à l’État
oppressif, ont ouvert aux juifs les portes de leur pays de schiste, de Bible et
de mémoire.
Ce livre est la première synthèse sur l’une des plus belles pages de la rencontre entre juifs et non juifs dans la France de Vichy. Source France culture
A l’occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme, une conférence sur le thème « Les femmes et la Déportation » est organisée le dimanche 8 mars 2020 à 15h, en salle bleue du Centre Culturel Le Relais de la Côte de Beauté à Saint-Georges de Didonne.
Quelques mots sur ces femmes dont Les Amis de la Fondation 17 vont parler ce 8 mars.
Ginette Kolinka naît en 1925 à Paris dans une famille d’origine juive non pratiquante. Elle vit dans cette ville puis à Aubervilliers avec ses parents et ses six frères et sœurs.
Réfugiée à Avignon, les hommes de sa famille sont arrêtés sur dénonciation, et, comme elle proteste, elle est aussi embarquée avec eux, pour les Baumettes à Marseille puis pour Auschwitz en avril 1944. Son père et son frère sont gazés en arrivant, Ginette est envoyée dans le camp des femmes.
Elle est transférée à Bergen-Belsen en octobre 1944, puis à
Raguhn, près de Leipzig, et dans un “train de la mort” jusqu’au camp de Theresienstadt d’où,
atteinte du typhus, elle sera rapatriée par
avion sanitaire jusqu’à Lyon par les Américains.
Ginette essaie de reprendre vie pendant deux ans, sans
parler de sa déportation. Mariée en 1951, elle a un fils.
Elle témoigne auprès des jeunes et accompagne de nombreux voyages à Auschwitz. Source : Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoahhttps://www.cercleshoah.org/
Le Verfügbar aux enfers est une opérette écrite clandestinement à l’automne 1944 par Germaine Tillion au camp de concentration de Ravensbrück. Ethnologue, elle a réussi à prendre le recul nécessaire pour observer les règles de l’univers concentrationnaire qu’elle et ses camarades subissent. Le rire étant la seule arme qui lui reste, elle écrit cette œuvre qui dépeint l’enfer de Ravensbrück.
Le Verfügbar est un animal inconnu, jamais repéré jusque là, qui ne mange jamais, ne boit que de l’eau sale et est maigre comme un clou. Source réseau Canopé https://www.reseau-canope.fr/le-verfugbar-aux-enfers
Dans le cadre du partenariat entre le Conseil économique et social et la Fondation pour la mémoire de la déportation, une table ronde a été organisée le 16 janvier sur le thème : “Analogies et différences entre les crises des années 30 et celles d’aujourd’hui“.
En attendant l’intégralité de la table ronde, voici des liens vous permettant de découvrir quelques points de vue des intervenantes et des intervenants recueillis ce 16 janvier.